Crédit : Vincent Van Zalinge - Unsplash
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Blaireau : 5 idées reçues qui ont la vie dure

Publié le 20 janvier 2022

Présent sur presque tout le territoire, le blaireau reste pourtant très discret. Sa vie nocturne et souterraine lui a donné une mauvaise réputation. Il est encore aujourd’hui considéré par certains comme un « puant » à détruire et fait les frais de l’urbanisation croissante et de l’augmentation du trafic routier.

1. Le blaireau est-il en prolifération ?

Après des années de persécution, la population de blaireaux est en cours de rétablissement

Le blaireau n’est pas une espèce prolifique et on ne peut pas considérer qu’il pullule. Chaque année, une femelle sur trois donne naissance à une portée et la mortalité juvénile est élevée. En milieu naturel, la plupart des individus ne dépassent pas l’âge de 4 à 5 ans. Les populations naturelles restent stables d’une année à l’autre.

Dans certaines régions, on constate une augmentation du nombre de blaireaux : il s’agit en réalité d’un rétablissement des effectifs après l’interdiction du gazage et l’éradication de la rage.

Un manque d’information sur l’état des populations en France

Pour autant, le statut du blaireau reste méconnu dans beaucoup de départements. Des études basées sur des protocoles fiables seraient nécessaires pour affiner la connaissance des effectifs. Les tableaux de chasse ne permettent pas d’évaluer les populations, car ils dépendent de la pression de chasse.

Le blaireau menacé par la chasse et la vénerie

La chasse du blaireau est autorisée par tir (fusil) et par vénerie (chasse sous terre). Cette chasse sous terre est très cruelle : le blaireau est acculé par des chiens dans son terrier, puis déterré et saisi avec des pinces. En plus, au début de la période de la vénerie, les jeunes blaireaux ne sont pas encore émancipés. L’expansion urbaine, les modifications du paysage, les dérangements et la mortalité routière viennent compléter le tableau des menaces.

Pour en savoir plus sur la pratique particulièrement cruelle du déterrage de blaireaux, la chaîne Youtube Ami des Lobbies a publié une vidéo de sensibilisation humoristique disponible ci-dessous :

 

Le Bas-Rhin est le seul département où le blaireau n’est pas chassé. Le suivi de l’espèce mis en place depuis plus de 20 ans par la LPO Alsace et le Groupe d’Etude et de protection des mammifères d’Alsace a permis d’acquérir des connaissances sur les populations et le comportement du blaireau. Sur la base de ces éléments, protecteurs de la nature et chasseurs se sont entendus pour retirer le blaireau de la liste des espèces chassables.

2. Les terriers de blaireaux peuvent-ils causer des dommages ?

Des terriers profondément enterrés

Localement, il arrive que le blaireau creuse des galeries sous des chemins, des routes, des voies ferrées ou dans des champs. Ceci fait craindre l’effondrement du sol au passage d’un véhicule ou d’un engin agricole.

Toutefois, les galeries sont généralement creusées assez profondément pour éviter ce risque, ce qui rend les accidents très rares.

Des mesures de précaution possibles

Ces accidents se produisent dans des secteurs où les sols sont de faible épaisseur, ce qui conduit le blaireau à creuser près de la surface. Le risque est accru si la haie abritant le terrier est arrachée, exposant les galeries au passage d’engins.

Dans ces situations, après certaines précautions, il est possible de combler les ouvertures avec un mélange de cailloux et de terre, en laissant au moins une sortie libre. Si les animaux dégagent à nouveau les entrées, il faudra recommencer. Il est aussi possible de proposer un terrier artificiel de substitution, comme a déjà pu le faire la SNCF en Alsace.

Les capturer pour les déplacer ou les détruire ne résout généralement pas le problème : si un terrier a été creusé, c’est que le site est favorable et il est fort à parier que de nouveaux individus viendront s’installer.

3. Le blaireau cause-t-il des dégâts importants aux cultures ?

Le blaireau est un auxiliaire de l’agriculture

En consommant les petits rongeurs et les vers blancs, les blaireaux sont utiles à l’agriculture. Mais le blaireau peut causer des dégâts sur les céréales ou les vignes, en consommant des épis ou des grains ou en piétinant ces cultures. Cependant, ces dégâts sont bien moins importants que ceux causés par le sanglier ou les cervidés. De plus, bien souvent, les dommages des sangliers ressemblant à ceux du blaireau, ils lui sont attribués à tort.

Un animal facile à éloigner des cultures

Lors de dégâts importants, et lorsque leur coût le justifie, il est possible d’installer tout autour de la parcelle, une cordelette placée à 15 cm du sol et imbibée d’un répulsif. Cette méthode est simple et efficace.

Il est possible aussi d’installer une clôture électrique, plus coûteuse en matériel et main d’œuvre, mais efficace aussi contre les autres animaux, comme les sangliers ou les cervidés. Dans le Bas-Rhin, des agriculteurs ont mis en place des dispositifs pour cohabiter avec le blaireau en 2022.

4. Le blaireau s’attaque-t-il au petit gibier ?

Le blaireau a été longtemps persécuté en raison de sa réputation injustifiée de prédateur d’œufs et de petit gibier à plumes. Des études sur les contenus stomacaux et des fèces démontrent que la prédation par le blaireau sur les oisillons est très rare.

Les élevages de volaille seront efficacement préservés d’une éventuelle prédation par la pose d’un grillage enterré et parfaitement clos.

5. Le blaireau transmet-il des maladies ?

Le blaireau n’est pas porteur de la rage

Le blaireau partageant son terrier avec le renard, il a été accusé de transmettre la rage et, comme lui, a été la cible de destructions par le gaz et le poison.

Grâce à la campagne de vaccination orale, la France est indemne de la rage depuis 2001.

Un réseau de surveillance de la faune sauvage est en place sur tout le territoire national : il permet de repérer tout animal pouvant présenter des signes de la maladie. Les rares cas de rage constatés sur le territoire ont été contractés à l’étranger ou sont liés à l’entrée illégale sur le territoire d’animaux déjà enragés.

La tuberculose bovine n’est pas un motif de chasse au blaireau

La tuberculose bovine est une maladie qui touche principalement le bétail. Comme son nom l’indique, elle a originellement été transmise à la faune sauvage par les bovins. Le blaireau n’est que l’une des espèces sauvages susceptibles d’être infectées. D’autres espèces sauvages, dont le sanglier largement plus répandu, peuvent aussi porter la maladie.

Aujourd’hui encore, dans certains départements, le motif de la lutte contre la tuberculose est injustement utilisé pour justifier l’intensification de la chasse, du piégeage ou du déterrage des blaireaux. L’Agence nationale de la sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a réitéré dans son rapport de 2019, sa position déjà exprimée en 2011 : « dans les zones indemnes de tuberculose, l’élimination préventive des blaireaux (et des autres espèces sauvages) ne peut en aucun cas être justifiée au motif de la lutte contre la tuberculose ».

La lutte contre cette maladie doit reposer prioritairement sur des mesures de biosécurité qui visent à limiter les contacts entre les bovins et la faune sauvage.

Crédit : Denis Richard Blackbourn

Mieux connaître le Blaireau

Un discret terrassier

Le blaireau européen (Meles meles) fait partie des mustélidés, comme la fouine ou la belette. En Europe, c’est le plus grand d’entre eux : son corps mesure entre 70 et 90 cm et il pèse en moyenne 12 kilos, mais peut dépasser les 20 kilos en automne lorsqu’il a accumulé des réserves de graisses pour l’hiver.

Le blaireau est facilement reconnaissable à son masque facial blanc barré de deux bandes noires qui couvrent ses petits yeux et remontent jusqu’à ses oreilles. C’est un mammifère massif, court sur pattes avec une croupe plus large que les épaules. Sa queue courte, ses pattes robustes et dotées de puissantes griffes, sa tête petite et conique traduisent son adaptation à la vie fouisseuse.

Terrier : l’indispensable refuge du blaireau

Il passe en effet près de la moitié de sa vie dans ses terriers, qui se transmettent de génération en génération. Vivant en clan d’une dizaine d’individus, les blaireaux entretiennent plusieurs terriers dissimulés dans des zones boisées ou dans la végétation.

Le terrier principal, le plus grand, peut s’étendre sur 10 à 15 mètres de long et peut compter plusieurs entrées. Il sert de gîte en automne et en hiver, car le blaireau n’hiberne pas et est utilisé par les femelles pour la mise bas. Ce réseau de galeries est parsemé de petites chambres confortables servant de dortoirs.

Des terriers secondaires parsèment le territoire du clan. Plus petits et moins souvent utilisés, ils servent de refuge ou de lieux de repos près des zones de recherche de nourriture.

Un animal sociable et omnivore

Ayant passé la journée à l’abri dans son terrier, le blaireau sort au crépuscule. Une fois dehors, il nettoie avec soin son pelage et explore les alentours à la recherche de nourriture. Peu adapté à la poursuite ou à la capture de proies en mouvement, il a opté pour un régime omnivore. Son mets de prédilection est le ver de terre, agrémenté selon les opportunités et les saisons par des céréales, des fruits, des glands, des escargots et des limaces…

La cohabitation dans un terrier implique une hiérarchie entre les individus du clan, sans pour autant qu’il y ait une exclusivité pour la reproduction. Les séances de toilettage à la sortie du terrier renforcent les liens entre les individus et les sons allant du grondement au couinement permettent aux individus de communiquer entre eux.

La communication olfactive par les crottes et l’urine ou les sécrétions musquées des glandes anales sert à délimiter le territoire et renseigne aussi sur l’âge, le sexe, l’état reproductif de l’individu… Chaque clan a sa propre odeur !

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